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CHAMOIS, GPS  ET ADN

CHAMOIS, GPS  ET ADN
Longtemps limité à l’utilisation des jumelles et de la longue-vue, le suivi des populations de chamois est entré dans l’ère des nouvelles technologies et des nouvelles sciences. Le GPS et l’ADN apportent dorénavant leur pierre à l’édifice des connaissances relatives au plus emblématique des ongulés de montagne. Retour d’expérience chez nos voisins Français dans le massif des Bauges.

Texte et photos de Daniel Girod

Le suivi d’un animal sauvage peut se résumer à trois questions : Où est-il ? Que fait-il ? Que mange-t-il ? En ce qui concerne la localisation, celle-ci se faisait jusqu’à présent grâce à des marques visuelles apposées aux oreilles ou accrochées au cou des animaux. Ces dispositifs nécessitent bien évidemment la capture des chamois que l’on désire suivre. Depuis quelques années, la technologie GPS (1) permet de mener des investigations beaucoup plus fines quant à la localisation et à l’activité journalière de tel ou tel animal.

Au secours les satellites!

Du point de vue pratique, la pose du collier se fait lors de l’opération de reprise des animaux réalisée de deux façons différentes qui font appel l’une et l’autre à un ou plusieurs filets. La première consiste à utiliser un filet tombant déclenché à distance quand un ou plusieurs chamois, généralement attirés par du sel, se trouvent placés sous le filet.  La seconde met en pratique la méthode classique des filets disposés en panneaux linéaires dans lesquels viennent se jeter les animaux poussés par des traqueurs. Dans un cas comme dans l’autre, la capture est mise à profit pour pratiquer des prises de sang et des prélèvements de crottes. A partir de cet instant, chaque animal capturé est associé à une balise GPS et à des échantillons biologiques dont l’analyse est faite plus tard.

Au niveau du relevé des points GPS, chaque collier enregistre sa latitude, sa longitude et son altitude une fois par jour. Afin d’affiner le positionnement du chamois et de mieux mesurer son activité, tous les quinze jours le collier calcule et stocke en mémoire sa position toutes les vingt minutes. Les données sont récupérées en détachant le collier via une télécommande à distance qui agit sur deux petites cartouches insérées dans le boîtier. Cette opération est absolument sans danger pour l’animal concerné. Selon la durée du suivi, le nombre de coordonnées récupérées évolue entre deux et trois mille localisations.

De précieux renseignements

Toutes ces données accumulées sur plusieurs années ont fourni de précieux renseignements. Tout d’abord, contrairement aux idées reçues, les chamois évoluent dans une strate altitudinale plutôt faible qui ne dépasse pas deux à trois cents mètres de dénivelé. D’autre part, lors de la période de reproduction, les chèvres préfèrent les zones très pentues et relativement fermées. Pour elles, cette relative inaccessibilité est un gage de tranquillité. Enfin, le suivi a montré que le domaine vital annuel moyen d’une chèvre des Bauges varie entre cent et cent soixante hectares. Ce dernier point est très important car il permet, contrairement aux pratiques courantes de détermination des plans de chasse, d’affiner considérablement les attributions. En effet, généralement la détermination des plans de chasse propres à chaque détenteur est plutôt raisonnée à l’échelle d’une unité de gestion. Pour ne fâcher personne, les augmentations ou les diminutions de plans de chasse se font de façon uniforme. Le suivi GPS montre à quel point il faut absolument revenir sur ce genre de considérations davantage liées à la gestion des hommes qu’à celle des chamois. En ce qui concerne les rythmes d’activités, l’analyse des données montre qu’en automne l’activité des chèvres est composée de deux pics – le premier entre 5 h 30 et 9 h, le second entre 15 et 18 h. L’activité nocturne automnale se situe quant à elle essentiellement en milieu de nuit. Pour le chasseur, il est donc évident que la probabilité d’observer des animaux se situe essentiellement en début et en fin de journée.

La chimie en renfort

En ce qui concerne l’ADN, quatre mille échantillons de crottes ont été analysés lors d’un travail de thèse piloté par l’Université de Chambéry. Les restes de plantes présents dans les crottes ont permis d’une part de mieux connaître les ressources alimentaires des chamois au fil des saisons et, d’autre part, de se rendre compte que les chamois n’ont pas tout à fait la même signature ADN d’un massif à un autre. Ceci corrobore parfaitement les données GPS relatives à l’utilisation de l’espace qui montrent que le domaine vital d’un chamois est relativement restreint.

L’utilisation du GPS et la mise en œuvre de l’ADN ont réellement fait avancer les connaissances relatives au chamois. Cet important travail va désormais permettre aux détenteurs de plans de chasse de prendre en compte le fait qu’au sein d’une vaste unité de gestion, les chamois ne sont pas tout à fait les mêmes d’un massif à l’autre.

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