CINQUANTE ANS DE CHASSE AU  PETIT GIBIER À FRIBOURG

CINQUANTE ANS DE CHASSE AU  PETIT GIBIER  À FRIBOURG
Le Club des chasseurs aux chiens d’arrêt, broussailleurs et retrievers du canton de Fribourg (CCA) a fêté son 50e anniversaire cette année. L’occasion de revenir sur tous les changements observés durant un demi-siècle de chasse. 

Texte et photos de Christophe Leu

En 1973, le président actuel n’était pas encore de ce monde, et la chasse fribourgeoise était bien différente. À cette époque les sangliers étaient rares et les cerfs ne faisaient pas partie du bestiaire fribourgeois.

Les campagnes étaient richement habitées par la faune aviaire, quoique déjà en déclin principalement à cause de la raréfaction de son habitat. Les tracteurs étaient plus modestes et n’avaient pas encore remplacé tous les chevaux de ferme. En 1973, chasser sans chien était l’exception et les chasseurs sans chiens étaient parfois critiqués par les autres, la jalousie n’étant pas un trait de caractère nouveau.

À cette époque, les bossus étaient encore abondants, et beaucoup de chasseurs partaient à pied depuis la maison ou même pour certains prenaient l’autobus avec chien, fusil et tricounis. Il ne serait venu à personne l’idée de s’offusquer d’avoir un homme armé comme voisin de banquette… la belle époque !

Bossu bien présent

En ce temps-là, les chiens courants bernois, schwyzois, lucernois ou du Jura font la fierté de leurs maîtres qui tendent l’oreille pour percevoir la douce musique du chien démêlant la voie discrète d’un lièvre gîté, alors que celui-ci réfléchit à quel moment il devra décamper pour tenter de perdre son poursuivant. Depuis maintenant plus de trente ans, le lièvre n’est plus chassé dans le canton de Fribourg. On n’a pas vu sa population exploser pour autant ! S’il se porte très bien dans certains secteurs, il est quasiment absent dans d’autres, c’était déjà le cas quand il était chassé. Une preuve de plus (s’il en fallait une) que ce ne sont pas les chasseurs qui font disparaître le gibier.

Les chasseurs au chien d’arrêt étaient minoritaires dans nos campagnes il y a cinquante ans. Aujourd’hui presque tout a changé sauf ça. Sur les sept à huit cents chasseurs que compte le canton de Fribourg, les chasseurs au chien d’arrêt restent largement minoritaires. Plus que jamais, nous devons nous faire connaître et partager notre passion pour la faire comprendre.

Soucieux de la préservation de la biodiversité, les chasseurs de petit gibier participent au monitoring des populations des espèces chassées. C’est par la préservation et surtout la restauration des milieux naturels qu’il est possible d’influencer positivement les populations d’animaux sauvages. Les détracteurs de la chasse des oiseaux s’appuient sur des principes idéologiques nouveaux qui voudraient que l’homme soit exclu de la chaîne alimentaire naturelle. 

Petit gibier avant tout 

Notre club milite pour la préservation des chasses du petit gibier tout comme pour la préservation du gibier lui-même. La chasse au chien d’arrêt est un riche patrimoine immatériel, très ancré dans notre culture de chasseurs latins. L’influence germanique dans les coutumes de chasse est très forte sur Fribourg, canton multiculturel s’il en est. Ainsi, nous, les chasseurs fribourgeois (et de Suisse), nous devons nous soutenir mutuellement et rester unis pour sauvegarder les chasses dites traditionnelles, comme la chasse au chien d’arrêt.

Comme nous l’avions craint après les votations fédérales de 2020, puis la révision de l’Ordonnance fédérale sur la chasse, c’est maintenant dans les cantons que nos opposants essaient de gagner du terrain, ou plutôt de nous couper l’herbe sous les pieds. Et force est de constater qu’ils y arrivent assez bien, profitant de l’ignorance d’un électorat citadin coupé des réalités du terrain et de la vie au naturel, comme nous la vivons dans les campagnes.

Interdire la chasse du petit gibier ne le fera pas revenir. Beaucoup n’ont pas compris ça, et c’est à nous de l’expliquer.

« Heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages » chantait Brassens, en vantant sa liberté. Ainsi, pour préserver la nôtre, nous devons nous mobiliser.

C’est la passion de la chasse du gibier d’eau qui m’a poussé à intégrer les rangs du CCA. Qu’ils soient accompagnés d’un chien d’arrêt, d’un broussailleur ou d’un retriever, les membres de notre club partagent tous cette même passion de la chasse à la botte qui ne peut se pratiquer dignement qu’avec un bon chien. Ceci était valable il y a cinquante ans et l’est toujours en 2023. Ça, ça n’a pas changé. Des changements il y en a eu, et il y en aura encore. Les chasseurs sont comme le gibier, pour survivre ils doivent s’adapter et surtout communiquer

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1 commentaire

  1. Max

    Bonjour,

    Dixit l’article  » Interdire la chasse du petit gibier ne le fera pas revenir. Beaucoup n’ont pas compris ça, et c’est à nous de l’expliquer  »

    Comme proposé je veux bien que l’on me l’explique cette phrase! J’arrive très bien à comprendre que la chasse ne soit pas le seul facteur qui fait que certaines espèces disparaissent, par contre je ne comprends pas en quoi le fait d’éliminer certains spécimens d’espèces vulnérables arrangerait leur situation ?

    Toujours selon l’article « Soucieux de la préservation de la biodiversité, les chasseurs de petit gibier participent au monitoring des populations des espèces chassées. C’est par la préservation et surtout la restauration des milieux naturels qu’il est possible d’influencer positivement les populations d’animaux sauvages »

    J’arrive presque à comprendre en caricaturant que signaler un nombre de spécimens tués est une sorte de monitoring (!) par contre je ne vois pas le rapport entre éliminer certains spécimens d’espèces vulnérable et préserver et surtout restaurer des milieux naturels ?

    Je n’ai par exemple encore jamais vu en Valais, ou j’habite, des chasseurs militer pour la préservation ou la restauration de milieux naturels. (au contraire: parcs solaires alpins, nouvelles installations de ski, aménagements pour vélos à tout va…)

    Par contre quand il s’agit d’éliminer certains spécimens d’espèces vulnérables ou non (lièvres variables, tétra-lyres, lagopèdes, lynx, etc..) il y a beaucoup de monde au portillon.

    Je trouve pour l’instant votre message peu clair, ou alors il se résume à dire à un malade du cancer de ne pas faire de sport, de fumer et boire, de toute façon ce n’est pas ça qui va le tuer…

    Notions durement assimilables que sont celles de l’amour de la nature et celles des traditions des hommes.

    « Petit gibier avant tout »

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