Munitions, trois histoires de familles

Munitions, trois histoires de familles

Lmère des douilles modernes est sans doute la douille du fusil de guerre allemand modèle 1888. Cette douille de 57 millimètres de longueur sert de base à une multitude de calibres, tels les 5,6×57, 244 et 6 mm Remington (6×57), 257 Roberts (6.35×57), 6,5×57, 7×57, 8*57 J et 8×57 JS, 9×57 et 9,3×57. La munition initiale mise en service en 1888 était munie d’un projectile à nez rond de 8,09 millimètres de diamètre pour un fond de rayure du canon à 8,07 millimètres. La pression s’établissait quant à elle à 3300 bars. En 1905 apparaît une nouvelle munition équipée d’un projectile ogival dit «S» de 8,20 millimètres de diamètre pour un fond de rayure à 8,20 millimètres. Avec 3400 bars, la pression reste tout de même modérée malgré la montée en puissance du calibre. Cependant, les Allemands ayant une forte prédilection pour les fusils «drilling», il a fallu développer une munition à bourrelet pour permettre l’extraction de la douille. C’est ainsi que sont nées les munitions avec le suffixe R pour Rand qui signifie bourrelet en allemand, ou Rim en anglais et Rebord en français. Le 8×57 JRS est certainement le plus connu de cette famille destinée aux armes basculantes. Parmi la liste précédemment énumérée, trois munitions sortent du lot. Il s’agit du 6,5×57 R, du 7×57 R et du 8×57 JRS. Malgré la concurrence du 6×55 suédois dont la trajectoire tendue fait merveille pour la chasse en montagne, le 6,5×57 R remporte encore de nombreux suffrages auprès des chasseurs montagnards. Sa douceur est très appréciée par les possesseurs de carabines mono-coup à canon basculant, comme les Kiplauf qui allient la finesse, la légèreté et l’efficacité. Quant au 7×57, si certains pensent qu’«après lui on n’a rien fait de mieux», force est de constater que le 6,5×57 le supplante en montagne et que le 8,5×57 JRS lui est préféré pour la battue. Par ailleurs, le 6,5×57 offre des munitions équipées de balles légères, notamment avec des ogives de 6 grammes. Le tableau de la page 11 fait une synthèse des trois calibres précédemment cités.

De gauche à droite – le 8×57 JRS, le 7×57 R, le 6,5×57 R et le 5,6×57 R.

La deuxième famille

Celle-ci, très prolifique, va naître quelques années après la douille de 57 millimètres. En effet, en 1903, inspirés par la 8×57 JS, les Etats-Unis adoptent la cartouche 30.03 (voir encadré Deux systèmes de mesures). Rapidement, à savoir trois ans plus tard, la 30.03 devient la 30.06 Springfield. A cette occasion, la douille évolue en s’allongeant à 63 millimètres tout en conservant le même culot. La munition militaire 30.06 est dotée d’une balle pointue de 150 grains dont la vitesse dépasse alors légèrement le seuil des 800 m/s. Les excellentes performances de ce calibre ont largement contribué à son adoption dans le monde de la chasse. Encore aujourd’hui, le calibre 30.06 est probablement la munition la plus vendue dans l’univers des munitions destinées aux armes à canon rayé. Ce succès va pousser les fabricants à proposer un important panel de munitions dont l’extraordinaire éventail de balles évolue entre 110 et 220 grains. Cependant, certains pays comme la France ont interdit le 30.06 au motif que c’était un calibre de guerre1. Pour contourner cette règlementation, les fabricants ont alors mis au point plusieurs calibres dérivés du 30.06. Ainsi, avec la même douille, sont nés le 270 Winchester, le 280 Remington, le 25.06, le 8.06 et le célèbre 35 Whelen2. Pour ce dernier, le collet de la douille du 30.06 voit son diamètre élargi à 9,09 millimètres, soit 358 millièmes de pouce.

Le tableau de synthèse no 2 présente trois calibres dont deux poids de balles pour le 30.06.

Les balles SST et Interloc sont de marque Hornady, la Powerschok est fabriquée quant à elle par Federal.

Ce tableau montre la grande polyvalence du 30.06, l’extrême tension de trajectoire du 270 Winchester et la très bonne adaptation du 35 Whelen au tir de battue.

De gauche à droite – le 308, le 7.08 Remington et le 243 Winchester.

Et le 308

Créé en 1952 par Winchester, le 308 est en fait la désignation commerciale du 7,62 OTAN. A cette époque ce choix avait deux objectifs. Tout d’abord unifier les munitions des alliés et ensuite posséder une cartouche plus légère et surtout plus courte que certaines munitions alors en usage, en particulier le 30.06. Il est à noter que le nombre 308 représente le diamètre réel de la balle 0.30, à savoir 0.308 qui, multiplié par 25,4 (un pouce), donne 7,82 millimètres. Malgré la réduction du volume de la douille, les qualités balistiques du 308 sont absolument remarquables. A tel point que, même encore de nos jours, ce calibre équipe un grand nombre de tireurs d’élite, les célèbres snipers. Pour ce qui concerne l’usage sportif, la 308 Winchester s’est révélée comme l’une des meilleures cartouches de tir jamais produites. Deux munitions célèbres utilisent la douille du 308 – le 243 Winchester et le 7.08 Remington. Pour le 243, le poids des projectiles évolue entre
60 grains (3,9) grammes et 100 grains (6,48 grammes). Ce calibre est donc parfait pour le tir d’ongulés comme le chevreuil ou le chamois. Pour ce dernier, les projectiles à fort pouvoir de pénétration sont conseillés car l’animal est très résistant. Avec le 7.08, Remington propose un calibre qui fait écho au 243. Cependant, le calibre passe de 6 à 7 millimètres. Comme son prédécesseur, le 7.08 s’avère être un excellent calibre pour le tir à longue distance. C’est avec des balles de 150 grains qu’il est le plus efficace. Les performances du 7.08 ne sont pas très éloignées de celles du 7×64. Le tir de nos quatre ongulés peut donc se faire sans problème avec le 7.08, pourvu que l’on choisisse les balles adaptées à l’animal. Sans publicité aucune, une carabine Remington Seven en calibre 7.08 constitue un excellent choix pour la montagne, car l’arme est à la fois courte et légère.

Le tableau no 3 synthétise les performances du 308 et de ses deux descendants, le 243 Winchester et le 7.08 Remington.

Les trois munitions sont encartouchées par Norma. On peut remarquer les très bonnes tensions de trajectoire des trois balles, avec bien sûr une flèche plus importante pour le 308 puisque la balle est plus lourde. Par contre, ce qui n’est pas visible sur le tableau, le 308 tient son succès de sa régularité.

En conclusion, ces trois familles de munitions montrent qu’une excellente munition peut, d’une part, engendrer d’autres excellentes munitions et, d’autre part, traverser allègrement les siècles tout en résistant aux effets de mode.

1 En France, depuis le décret de septembre 2013, le calibre 30.06 est désormais autorisé à la chasse.

2 Le nom de Whelen a été donné à cette cartouche en hommage au colonel Townsend Whelen (1867-1961), commandant du Frankford Arsenal et passionné de tir longue distance.

 

Texte et photos Daniel Girod

1 commentaire

  1. FIEVET

    Désolé, cher Monsieur…..

    Votre photo avec les calibres 8 X 57 JRS, puis 7 X 57 R et la suite est erronée : La troisième balle en partant de la gauche n’ est pas une 6,5 X 57 R…. mais une 6,5 X 57…. ( Pas de Rebord, Rim ou Rand, mais une gorge….)

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