Le 8×56, un vieux qui fait encore école

Le 8×56, un vieux qui fait encore école

Dans son célèbre ouvrage paru en 1938, le Dr Marcel Couturier s’exprime en ces termes «Les carabines 6,5 mm tirant la cartouche 6,5×57 et une balle de 6 g, sont sans doute, à l’heure actuelle, les armes les plus parfaites pour chasser le chamois. Malgré tout, ma prédilection va à la Mannlicher calibre 8 mm, tirant la 8×56.» Cependant, c’est plutôt la suite du texte du célèbre chirurgien de Grenoble qui est intéressante car elle replace bien la balistique dans un contexte pratique et non pas, comme on a trop tendance à le faire, dans un contexte purement mathématique. En effet, sous peine de graves désillusions sur le terrain, les meilleures qualités balistiques d’une munition ne peuvent se substituer aux indispensables considérations  pratiques que  chaque chasseur doit tout d’abord prendre en compte. Toujours très pragmatique dans ses choix, le Dr Marcel Couturier poursuit son exposé sur les armes et les munitions en s’exprimant ainsi «Le chasseur n’oubliera pas que la longueur du canon, le nombre des rayures, l’état de ces rayures, le poids de la charge de poudre, le type de cette poudre, le poids, la forme, la constitution du projectile influencent vitesse initiale, énergie cinétique et surtout flèche de la trajectoire ou tombée de la balle; ces éléments objectifs s’ajoutent à de nombreux facteurs subjectifs et tous tendent à s’opposer à la régularité du tir, dont on a trop voulu faire une chose mathématique.»

La célèbre carabine Mannlicher-Schoenauer 1908 en calibre 8×56 MS.

Schoenauer

Boîte de culasse, culasse et montage à crochets de la carabine Mannlicher-Schoenauer 1908.

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Connaître sa munition

Du fait de ses performances balistiques modestes, le calibre 8×56 rappelle donc qu’avant toute chose et toute considération relative aux joules et autres grandeurs propres à la balistique, le chasseur doit bien connaître la munition avec laquelle il tire. Sur ce point, la cartouche 8×56 présente l’avantage de développer des pressions faibles au regard de ce que l’on peut rencontrer de nos jours. A titre d’exemple, la cartouche de Mannlicher-Schoenauer chargée avec 2,65 grammes de poudre et munie d’une balle de 13 grammes ne développe que 2300 bars dans la chambre de la carabine. Pour mémoire, une cartouche de calibre 7×64 développe quant à elle une pression moyenne de 3600 bars. Le recul provoqué par la 8×56 est donc relativement doux, même si la carabine Mannlicher-Schoenauer pèse à peine 3,2 kilos en calibre 8 mm. Il s’agit là d’une réelle performance compte tenu de l’époque à laquelle a été conçue cette carabine. Bien évidemment, du côté de la trajectoire de la balle, le 8×56 est un calibre qui tombe assez vite. On peut notamment remarquer qu’avec une DRO située à 130 mètres, le 8×56 serait plutôt un calibre conseillé pour la battue au grand gibier de taille moyenne, de préférence à l’approche du chamois. Lors de ses multiples essais de tir, le Dr Couturier indique que la balle de 13 grammes chute de 30 centimètres à 200 mètres et de 106 centimètres à 300 mètres lorsque le réglage du zéro est fait à 100 mètres.

Le célèbre magasin rotatif, véritable chef-d’œuvre de mécanique car à l’époque les machines à commande numérique n’existaient pas!

Magasin

Démodé, mais…

Le calibre 8×56 MS est indissociable de la carabine Mannlicher- Schoenauer née en 1908, notamment sur la base de son magasin rotatif emprunté au fusil de guerre modèle 1903. Grâce à ce magasin, les balles se présentent parfaitement dans l’axe du canon et non pas de biais comme dans les magasins verticaux. Les carabines Mannlicher-Schoenauer sont très connues des chasseurs de montagne dans leur version à canon court et fût long, dite «Stutzen».

Bien évidemment le calibre 8×56 MS est largement démodé face aux 270 WSM, 6×62 frères ou bien encore 7 mm Remington Magnum. Néanmoins, ce calibre présente deux avantages. D’une part, il oblige le chasseur à se poser la question des corrections de tir. D’autre part, il permet encore de goûter à ses approches où le tir ne se fait pas à des distances telles que toute symbiose avec l’animal devient impossible.

 

Texte et photos Daniel Girod

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