Sélectionner une page

BALLES  MONOMÉTALLIQUES ET BALLES À DOUBLE  NOYAU  EN  ÉTAIN

BALLES  MONOMÉTALLIQUES ET BALLES À DOUBLE  NOYAU  EN  ÉTAIN
Les balles « sans plomb », qui vont devenir obligatoires au plus tard en 2030 dans toute la Suisse, offrent le choix entre deux structures bien différentes…

Texte de Francis Grange

La nocivité sanitaire et environnementale des balles à simple ou double noyau en plomb des carabines de chasse est de plus en plus mise en cause et un nombre croissant de pays envisagent d’en interdire l’usage à plus ou moins long terme. En Suisse, les balles en plomb seront interdites dans tout le pays au plus tard en 2030, parfois avant selon les législations cantonales. Si l’approvisionnement reste parfois aléatoire, les fabricants sont préparés à cette transition. Il existe deux familles d’ogives de conception tout à fait différentes, dont il convient de bien appréhender les caractéristiques balistiques et le comportement à l’impact sur le gibier pour faire son choix. 

Les balles monométalliques

Il s’agit d’ogives intégralement confectionnées dans le métal autrefois réservé au seul blindage, le plus souvent un alliage à très forte teneur en cuivre, le complément étant constitué de zinc avec parfois d’infimes traces d’étain. La première balle de ce type, l’ABC, est imaginée en 1965 par le balisticien yougoslave Francé Avcin. Elle ne cherche alors aucunement à répondre à une quelconque approche écologique, mais uniquement à développer l’efficacité optimale, en générant une ample expansion de sa tête dans les organes tendres, associée grâce à la conservation quasi totale de sa masse à une pénétration profonde dans les organes durs et à la capacité de briser net les plus gros os. Elle y ajoute, toujours en raison de la préservation presque complète de son poids, une diffusion maximale de son énergie. L’apport observé en action de la balle ABC comparativement aux ogives traditionnelles à simple ou double noyau en plomb convainc toutefois peu de chasseurs. De surcroît très onéreuse, elle sombre progressivement dans l’oubli… Il faut attendre le lancement en 1985 de la balle SFS introduite par la firme allemande Men, aujourd’hui disparue, pour que la construction monométallique commence à susciter un intérêt autre que la curiosité, puis la présentation en 1989 de la Barnes X, peaufinée depuis en Barnes TSX et TTSX, pour qu’elle s’impose vraiment et se décline en une multitude d’interprétations. 

Les ogives monométalliques actuelles reprennent toutes le principe initié par la balle ABC. Elles se dotent désormais, hormis celles dédiées aux portées contenues de la battue ou de la chasse silencieuse en terrain couvert, d’une pointe en polymère insérée dans leur tête creuse, d’un profil très fluide et d’un arrière légèrement resserré dit boat tail, qui améliorent considérablement leur pénétration dans l’air. Ces perfectionnements leur permettent de rivaliser en conservation de leur vitesse, malgré leur densité moindre, 8,5 à 8,9 contre 10,0 à 10,5, avec leurs homologues à simple ou double noyau en plomb jusque vers 200 mètres. La plupart bénéficient également de cotes très régulières qui leur confèrent une haute précision. Elles se destinent donc avant tout au tir aux longues portées de la chasse solitaire en terrain découvert ou plus encore en montagne. La demande d’ogives monométalliques pour la chasse collective a toutefois conduit certains fabricants à en décliner des variantes très fortement expansives, y compris en cas d’atteinte dans une zone molle (poumons, viscères…) d’un animal tiré à la course, à quelques dizaines de mètres en environnement encombré. Les balles monométalliques conviennent donc désormais pour toutes les chasses, de tous les grands gibiers.

 

Les balles à noyau(x) en étain

Certains chasseurs, singulièrement parmi les inconditionnels des balles à double noyau en plomb, se montrant très réticents vis-à-vis des ogives monométalliques, plusieurs fabricants se sont tournés vers une autre conception. Ils ont repris la structure des balles à double noyau en plomb, doux à l’avant pour garantir une expansion très rapide de la tête en cas d’atteinte dans un organe mou, fortement durci à l’arrière pour assurer une pénétration profonde dans les organes durs et casser les os les plus massifs, mais en remplaçant le plomb par de l’étain, d’une malléabilité quasi identique et qui peut lui aussi être durci par ajout d’une petite proportion d’antimoine. La première balle de ce type, l’EVO Green de RWS, apparaît en 2013, suivie de nombreuses autres depuis. L’efficacité à l’impact de ces ogives est analogue à celle des projectiles monométalliques, avec en revanche une densité de seulement 7,6 à 7,8 qui les confronte à de sérieuses difficultés pour préserver leur vitesse à longue portée et en conséquence la tension de leur trajectoire, ce qui les destine plutôt à une utilisation à courte ou moyenne distance. Celles au profil optimisé à l’ultime limite du possible, telles l’EVO Green de RWS ou sa quasi-clone l’Evostrike de Norma, se révèlent néanmoins d’une efficience convaincante jusqu’à 160-180 mètres dans l’ensemble des calibres usuels. Elles répondent donc aujourd’hui à quasiment toutes les situations de chasse dans nos contrées.

 

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Catégories