FABULEUX VÊTEMENTS !

FABULEUX VÊTEMENTS !
Les vêtements constituent le segment de l’équipement des chasseurs dont la technique a le plus progressé au cours des deux dernières décennies.

Texte de Francis Grange

 

Le temps où les chasseurs ne connaissaient quasiment que la toile de coton et le loden, éventuellement dotés d’une doublure plus ou moins épaisse, pour la confection de leurs vestes, manteaux et pantalons, remonte à moins de trente ans. Il semble pourtant aujourd’hui très lointain. Les vêtements de chasse ont en effet évolué en quelques années à une vitesse fulgurante grâce à l’émergence de matériaux à haut contenu technologique.    

Les matériaux d’autrefois

Les vestes « anciennes » en coton (ou parfois en lin), souvent huilé pour l’imperméabiliser, étaient bruyantes lorsqu’elles frottaient contre les épines, les ronces ou les troncs, ou simplement quand leur utilisateur se baissait, se redressait ou se tournait… Celles en toile fine étaient fragiles et devaient se réserver à un usage en terrain découvert, celles en drap épais se révélaient d’une raideur et d’un inconfort absolus. Elles ne tenaient aucunement chaud et imposaient, dès que la température chutait, le port à leur dessous d’épais gilets, pulls ou chemises en laine qui entravaient les mouvements. Les pantalons n’étaient bien sûr pas plus fonctionnels ni confortables. Le loden (ou son cousin britannique le tweed), grâce à son tissage en laine, se montrait silencieux, souple et chaud, mais assez fragile, difficilement supportable par températures autres qu’hivernales, et très onéreux lorsqu’il était travaillé avec soin. Quant aux piètres tissus synthétiques d’alors, ils se réservaient aux productions de très bas de gamme. Les chasseurs se sont longtemps accommodés de la toile de coton et du loden… mais vraiment à défaut de mieux. 

La révolution Gore-Tex

L’apparition en 1970 du Gore-Tex va métamorphoser les vêtements de chasse. Cette membrane synthétique imperméable et isolante du vent est aussi « respirante », c’est-à-dire qu’elle laisse s’évacuer la vapeur d’eau produite par la transpiration. Elle se destine à être insérée entre le tissu extérieur, qui n’a donc plus besoin d’être imperméable, et sa doublure. Le progrès en agrément d’usage est colossal, du moins dans un premier temps, en théorie. Dans sa formule originelle, le Gore-Tex, qui permet effectivement à la transpiration de s’évaporer lors d’un effort prolongé mais modéré, avoue en revanche vite ses limites lorsque cet effort s’intensifie. Les fabricants qui l’utilisent n’ont pas encore non plus pensé à en étancher les coutures et l’eau en profite pour s’y insinuer, relativisant son efficacité. La mutation entre vêtements des temps anciens et tenues des temps modernes est enclenchée, mais elle reste inachevée…

La fusion magistrale

A l’aube des années 2000, les améliorations successives apportées au Gore-Tex lui permettent enfin d’éliminer la transpiration intense. Les confectionneurs ont appris à rendre les coutures de leurs vêtements hermétiques. D’autres membranes « imperméables, coupe-vent et respirantes » ont été développées. Toutes, comme le Gore-Tex, sont constituées d’une multitude de filaments synthétiques (issus de la pétrochimie) entrelacés qui ménagent entre eux des « pores » dont le diamètre, bien que contenu à quelques dix-millièmes de millimètres, autorise désormais les molécules issues de la transpiration à les traverser sans aucune entrave, cependant que les gouttes de pluie plusieurs milliers de fois plus grosses ne peuvent naturellement toujours pas les franchir. La valeur d’usage des vêtements qui en bénéficient, qu’ils recourent pour leur extérieur à des matières naturelles ou synthétiques (beaucoup plus agréables que celles d’il y a un demi-siècle), est transfigurée. Les marques proposent désormais des réalisations de tous les styles et de toutes les coupes convenant à toutes les pratiques de chasse en toutes saisons, avec des doublures fixes ou amovibles, elles aussi naturelles ou synthétiques, de plus en plus confortables, douces, souples et silencieuses. Quant aux chasseurs toujours assez nombreux qui demeurent attachés au charme intemporel des pantalons en cuir, ils bénéficient maintenant eux aussi de ces technologies de pointe… grâce aux sous-vêtements qui en sont issus !

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