Sixième film pour Ronny Mast
LE CINÉASTE AMATEUR FRIBOURGEOIS SORT EN DÉCEMBRE SON NOUVEAU FILM LA NATURE, FORCE DE VIE, UNE ODE QUI RAPPELLE À L’HOMME L’IMPORTANCE DES LIENS QU’IL ENTRETIENT AVEC SON ENVIRONNEMENT.
Si Ronny Mast a construit une partie de sa réputation avec son travail sur le cerf Miro, réalisé en collaboration avec Michel Mooser, le cinéaste amateur fribourgeois né en 1982 à Jaun dispose en fait d’un portfolio bien plus important que ce seul sujet. Guidé par la passion des animaux qui l’habite depuis son plus jeune âge, Ronny a déjà réalisé cinq films sur la nature avant de proposer cette fiction inspirée lors de ses nombreux tournages et rencontres.
Tout petit déjà
Amoureux des animaux et de la nature depuis son plus jeune âge, l’enfant de Jaun, seule commune alémanique de la Gruyère, passe son temps à l’extérieur, et photographie à l’aide d’un petit appareil tous les animaux qu’il peut. Pour ses 12 ans, ses parents lui offrent une caméra vidéo, afin qu’il puisse assouvir son besoin de capter des images. « J’ai réalisé trois films quand j’étais gamin » confie-t-il, en expliquant les montages artisanaux qu’il faisait avec deux magnétoscopes, et un micro pour enregistrer le commentaire. Ses œuvres de jeunesse ne sont diffusées que dans le cadre familial et des proches, mais sa voie semble déjà toute tracée. Sa passion de la nature l’emmène d’ailleurs ensuite assez naturellement vers le métier de bûcheron, qu’il apprend durant son adolescence.
A 21 ans, il investit dans sa première caméra professionnelle et passe l’essentiel de son temps libre à filmer la faune de sa région, qu’il connaît comme sa poche. En 2007, il sort son premier film consacré à la faune des Préalpes, et commence à se construire une petite réputation en Romandie. Depuis, la célèbre émission de la RTS 1 Passe-moi les jumelles lui a consacré deux sujets, et son projet relatif au cerf Miro, suivi durant neuf ans, a fait de lui un cinéaste animalier de renom.
« Je ne m’ennuie jamais »
Sa capacité à ramener des images d’exception, il la doit à sa patience à toute épreuve, et à son talent pour les affûts. « Je suis déjà resté posté sur un arbre durant soixante heures, réparties sur deux semaines, devant une souille de cerf, raconte-t-il amusé. Une autre fois, j’ai passé trois jours, 24 heures sur 24, sur un affût. Mon père m’amenait à manger discrètement, en s’approchant par derrière. Je me mettais à genoux pour pisser, j’ai à peine dormi, mais je n’ai jamais bougé. » Ce qui surprend le plus, quand on discute avec lui, c’est qu’il ne trouve jamais le temps long. « Je trouve même que le temps passe vite quand je suis à un poste d’observation. » Sa devise : « Quand tu as un truc en tête, il ne faut jamais lâcher. » Et on la comprend d’autant plus quand il explique n’avoir gardé que vingt secondes d’image, sur les cinquante minutes tournées durant son affût de soixante heures. « Il faut environ trois heures de travail au banc de montage, pour obtenir une minute de film, sonorisation comprise. »
Multitâche
Ronny Mast travaille aujourd’hui comme cantonnier pour le canton de Fribourg, et il est père de trois enfants. Son aîné est d’ailleurs l’un des acteurs de sa dernière production. Les films de nature sont à ce stade de sa carrière un loisir. Mais il ne cache pas un espoir de changer un jour de métier. « J’ai déjà vendu des images à des télévisions, et mon rêve c’est que mon film soit diffusé sur la RTS. » Pour l’heure, et vu l’engagement demandé par ses productions, il veut lever un peu le pied, travailler à la promotion de sa dernière œuvre, et surtout passer du temps en famille. « C’est un travail énorme. Il faut faire plusieurs métiers, d’autant plus que je fais tout tout seul. Les images ne sont qu’une petite partie. Il y a l’écriture, la production, la négociation des droits musicaux, l’organisation de la promotion et des projections publiques. Sans compter mes heures, un film comme La nature, force de vie me coûte 15 000 francs. C’est un investissement important. »
Vu son jeune âge, Ronny a encore du temps devant lui pour réaliser ses rêves. Son talent, sa patience et sa persévérance pourraient bien faire de lui le nouvel Otmar Penker – cinéaste animalier de renom qui est un de ses mentors – de ce monde assez exclusif. En attendant une prochaine consécration, La nature, force de vie va être présenté en décembre, une bonne occasion de faire un détour en terre fribourgeoise.
Projections du film La nature, force de vie de Ronny Mast
06.12.19 Au Cantorama de Jaun à 19 h 30 (allemand) Jaun
14.12.19 Au Mehrzweckhalle de Giffers à 20 h (allemand) Giffers
21.12.19 A la salle polyvalente de Riaz (unique présentation en français) Riaz
Texte Vincent Gillioz | Photos Dominique Martinelli et Fabian Jobin