Des chiens de chasse à bonne école

Des chiens de chasse à bonne école

Refusée en septembre dernier par 84% des votants, l’initiative pour l’interdiction de la chasse dans le canton de Zurich n’a pas seulement constitué un soulagement pour les chasseurs locaux. Le rejet de cet objet de votation a également permis de réactiver un dossier mis en veilleuse durant plus d’une année. L’ouverture d’un site national pour la formation des chiens pour la chasse au sanglier va en effet se concrétiser à Elgg (ZH), dans la région de Winterthour, comme l’ont annoncé il y a peu les porteurs du projet.

Ces installations, inédites en Suisse, devraient être progressivement mises en service dès l’été prochain. «Après le refus de cette initiative par une très large majorité des votants, une solution a pu être trouvée avec les autorités locales, les services cantonaux et les organisations impliquées pour que le projet aboutisse», relève Urs Philipp, responsable du département pêche et chasse auprès du canton de Zurich.

Unique en Suisse

La structure couvrira une surface de plus de six hectares, divisée en quatre enclos. Ouvert deux à cinq jours par semaine, uniquement en journée, le site ne pourra pas accueillir plus de cinq à huit personnes à la fois avec leurs chiens. «Le nombre de participants par jour est limité. Un sanglier ne peut être pris que pour six exercices par jour», note Walter Müllhaupt, président de la Communauté de travail pour les chiens de chasse (CoTCH) et du Groupe de compétence pour le sanglier en Suisse. Les coûts d’aménagement de ce lieu de formation, assumés conjointement par l’Office zurichois de la chasse et de la pêche et la Conférence suisse des services de la faune, de la chasse et de la pêche, se montent à 200 000 francs.

La mise en place d’une structure de ce type devenait pressante. L’ordonnance fédérale sur la chasse contraint en effet les cantons à assurer une formation adéquate pour la chasse au sanglier. Aucune installation n’existe toutefois à ce jour en Suisse. Les propriétaires de chiens n’avaient jusque-là pas d’autre choix que de se rendre dans des pays limitrophes.

«Des personnes habitant en Allemagne, à proximité de la frontière suisse, pourront aussi venir à Elgg. Cela leur évitera de se déplacer jusque dans la région de Heidelberg, où se trouve le parc allemand le plus proche», déclare Walter Müllhaupt.

Le site prévu à Elgg est justement inspiré par la méthode allemande, où dix-neuf lieux de formation existent déjà. «Nous allons appliquer des normes reconnues internationalement, notamment en Allemagne. La formation des chiens avec le gibier noir, ainsi que les règlements des examens et les conditions-cadres pour le fonctionnement de cette structure sont établis par un groupe de compétence de la Confédération et la CoTCH», ajoute Urs Philipp.

Opposition balayées

Les travaux de construction des enclos doivent débuter prochainement, avant l’introduction des sangliers sur le site au printemps 2019. Les animaux proviendront de parcs animaliers. Ces plans ont failli être contrecarrés par des organisations de défense des animaux, selon la Neue Zürcher Zeitung. Opposés aux battues menées pour traquer le gibier, des activistes ont comparé ce projet à un «Guantánamo pour sangliers», en référence au camp de détention américain établi sur l’île de Cuba.

Walter Müllhaupt ne fait pas grand cas de ces critiques. «Il est absolument nécessaire d’entraîner des chiens de chasse pour leur montrer la nature et le danger émanant des sangliers, en vue de pouvoir lutter contre les dégâts causés par ces animaux. Ces bêtes sont par ailleurs capables d’éviter les battues sans chiens», estime le président de la CoTCH, qui représente les intérêts d’environ dix mille chasseurs et propriétaires de chiens de race.

Texte Vincent Bürgy

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