CHASSE  DANS  LES  BALKANS, RETOUR À LA VIE  SIMPLE

CHASSE  DANS  LES  BALKANS,  RETOUR À LA VIE  SIMPLE
Le voyage de chasse permet de découvrir de nouveaux paysages, gibiers et chasseurs avec qui partager des moments uniques et proches de la nature. Après six jours dans les Balkans, j’ai la sensation d’être un meilleur chasseur.

Texte et photos de François Bonvin

 

En 2019, lors du salon Passion Nature à Martigny, j’ai rencontré Anel, mon guide de chasse. J’avais alors en tête de commencer les voyages de chasse et Anel, chasseur fribourgeois, organise des voyages de chasse dans les Balkans ainsi qu’au Tajikistan en parallèle à son activité professionnelle principale.

Après une brève discussion, j’étais convaincu que mon guide était la bonne personne pour mon projet, qui m’a proposé un voyage en Croatie pour y prélever un mouflon. J’ai été tout de suite emballé et l’objectif était fixé, mais la pandémie et des engagements professionnels ne m’ont pas permis de concrétiser le projet.

Finalement, après trois années sans voyager, voilà qu’Anel me contacte en décembre 2022, et me propose de partir sur-le-champ… Je saisis l’opportunité qui m’impose de sortir de ma zone de confort. Nous voilà donc en route pour une longue nuit, afin de rejoindre la Bosnie-Herzégovine au matin. Anel tenait à me faire découvrir la chasse aux faisans dans son pays avant notre quête du mouflon en Croatie.

Un vent de liberté


Onze heures et 1028 kilomètres plus tard, nous voilà à destination, après une nuit presque sans sommeil. Le fait de n’avoir quasiment pas dormi ajoute un côté particulier à l’instant, comme si le voyage n’avait duré que quelques minutes. J’ai le sentiment d’avoir été projeté dans un monde parallèle.

Aux premières rencontres, je sens tout de suite que quelque chose est différent dans ce pays que je n’ai encore jamais visité. Voir les chiens se balader en liberté ou postés devant la maison de leurs maîtres apporte une image forte de liberté.

La guerre qui a ravagé le pays s’est terminée il y a seulement vingt-sept ans, et l’état des maisons qui portent les stigmates des bombes est un rappel frontal de cette période. C’est dans ce paysage qui rappelle un triste moment d’histoire que se dressent par dizaines des maisons, toutes différentes les unes des autres, devant lesquelles familles et amis préparent le cochon à la broche, le plat traditionnel du week-end. À ce moment précis, je comprends le sens de ce voyage. J’ai besoin de vivre un moment de vie simple, un moment connecté, mais cette fois-ci aux gens, à la nature, aux animaux.

Chacun a sa vision de ce que peut être la vie simple. En tant que chasseurs, nous avons la chance de pouvoir expérimenter ces modes-là de vie durant les périodes de chasse. Chercher sa propre nourriture, sortir de son confort quotidien, partager des moments uniques avec ses camarades sont autant d’attributs de la vie simple, selon moi.

D’abord la plume


Nous commençons par la chasse aux faisans sur un territoire situé à quelques mètres de la maison d’Anel. Le ciel clair et les chiens en forme, nous chassons durant deux jours.

Le terrain est un mélange de lisières, de champs cultivables et de broussailles dont raffolent les faisans qui s’y protègent des menaces. À noter que le gibier chassé est complètement sauvage, et donc méfiant et difficile à appréhender. Le chien d’arrêt est ainsi essentiel et indispensable, pour nous indiquer la présence de gibier. Ce jour, nous avons levé une poule faisane (qui ne peut pas être prélevée) ainsi qu’un mâle magnifiquement loupé.

Nous avons encore chassé le canard le soir, à cinq minutes de la maison. Nous nous sommes postés dans des marécages avant le coucher du soleil. Anel a utilisé un appeau pour tenter de rapprocher les oiseaux qui volaient à proximité de notre position. Un canard a bien volé, bruyamment, au-dessus de ma tête, à la nuit tombée, mais il était trop loin pour envisager un tir. Aucun prélèvement mais plein d’enseignements.

Au terme de ces journées, rejoints par un ami d’Anel et son fils qui attendait avec impatience le passage de son permis – en Bosnie, il semble que le permis représente une récompense et une étape importante dans la vie d’un jeune adulte – nous avons poursuivi autour d’un feu. Partage de la nourriture, rires et bien sûr anecdotes de chasse ont ponctué la soirée, dans une langue que je ne maîtrise pas… Mais la convivialité permet heureusement de faire tomber, partiellement, les barrières linguistiques. À la nuit tombante, nous avons pris la route pour la Croatie, laissant derrière nous l’atmosphère particulière de ce remarquable pays.

 

 

Quête de mouflon en Croatie


Nous avons rejoint Zuljana, un petit village situé au sud de la Dalmatie. Anel m’a présenté la famille chargée de nous accueillir. J’ai découvert un intérieur petit mais confortable et chaleureux dans lequel je me suis bien senti, un lieu idéal pour se retrouver après une belle journée de chasse.

Le lendemain matin, après vingt minutes de voiture, nous arrivons sur le territoire de chasse et pouvons débuter notre quête dans les montagnes rocheuses de la péninsule de Peljesac, qui surplombent la mer Adriatique. Les rayons orangés du soleil levant se reflètent sur les montagnes et la mer. Le paysage est si beau que j’en oublie presque la raison de notre présence. Je suis dans un état de contemplation totale devant cette nature éblouissante.

Après quelques heures passées à jumeler les mouflons qui évoluent dans les parois rocheuses, je repère un animal qui correspond à mes critères. Nous décidons de commencer l’approche d’une bête située à environ 800 mètres de notre position. Le terrain est en pente mais suffisamment accessible pour évoluer rapidement, tout le contraire du type d’environnement dont j’ai l’habitude à la chasse aux chamois en Valais. L’approche est donc rapide mais il faut veiller à ne pas faire de bruit, sur le sol recouvert de petits cailloux. Le moindre petit éboulis risque de faire fuir l’animal. Après une demi-heure d’approche, me voilà prêt pour un tir à environ 200 mètres. L’animal couché sous un arbre m’impose d’attendre, jusqu’à ce qu’il se présente correctement, ce qui n’a pas tardé. Après un tir relativement facile, nous l’avons retrouvé sans difficulté un peu plus bas que le coup de feu.

Nous avons ensuite ramené le mouflon vers la route la plus proche pour y prendre quelques photos pendant que le guide local s’est occupé de récupérer le véhicule. Il nous a fallu une bonne heure pour la récupération de l’animal. J’avoue que dans ce contexte, j’étais très content de ne pas devoir le porter sur le dos pendant plusieurs heures comme j’ai l’habitude de le faire pour un chamois. Ceci nous a permis de prendre notre temps pour les photos et de profiter d’un moment de communion avec la nature, devant la beauté des paysages, avec la mer en toile de fond.

De retour au village, nous avons fêté cette journée et préparé la viande pour la partager avec nos hôtes lors du repas du soir. Après ces quelques jours loin de la Suisse, je me suis totalement acclimaté à cette vie simple et authentique, comme si je n’avais connu qu’elle.

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