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CHASSE AUX CERFS AVEC DES « PETITS » CHIENS !

CHASSE AUX CERFS AVEC DES « PETITS » CHIENS !
L’utilisation des grands chiens courants a longtemps été la règle et les scènes de chasse aux cerfs montrant le gibier poursuivi par des animaux hauts sur pattes
le rappellent. Aujourd’hui, certains chasseurs optent pour des chiens plus petits et polyvalents.

Texte et photos d’Alain Rossier 

 

La chasse à courre n’est pas autorisée dans notre pays, mais des chasseurs possèdent parfois des grands chiens, qui peuvent chasser à voix le cerf et le chevreuil principalement. Ils ne sont que très rarement découplés à plus de deux sujets ensemble. Dans les cantons alpins, la chasse des grands ongulés ne se pratique qu’à l’affût ou à l’approche, principalement pour éviter les dangereux « dérochements » des chiens. Les chiens courants, emmenés par leur passion, ne rechignent pas à emprunter des sentes escarpées dans les rochers s’ils prennent en chasse des chamois, plus rarement des bouquetins. Le tir de ces deux espèces ne peut se faire que sur des bêtes préalablement sélectionnées, afin de respecter le plan de tir, catégories d’âge et sexe-ratio. 

Particularités cantonales

Dans les forêts de plaine, ou dans celles du Jura vaudois, la donne est différente, même si des chamois sont parfois mis au ferme dans ces derniers secteurs ! Dans ce canton, la chasse du cerf peut se pratiquer individuellement et une seule bête est attribuée, sexe et âge imposé, à celui qui veut chasser seul. Ensuite, des groupes de six chasseurs ont un plan de tir dans les Alpes. Puis des groupes de dix chasseurs au minimum sont répartis sur des secteurs jurassiens, où une régulation des « grandes pattes » devient nécessaire. Les dégâts sur le rajeunissement des forêts sont notoires. Les hivers bien enneigés, les hardes descendent jusqu’en plaine pour y trouver leur nourriture. Là aussi, les dégâts aux cultures peuvent être très importants. Chaque groupe se voit attribuer un secteur précis et un plan de tir qu’il s’engage à réaliser. Une collaboration entre les groupes est autorisée pour que cette réussite soit effective. La chasse se pratique en battue et le plus souvent, deux traqueurs avec un chien chacun, arpentent les meilleures coupes. Pour être efficace, la cartographie des traques et le repérage des postes les plus importants sont repérés avant l’ouverture. Un tournus annuel des secteurs attribués donne une belle chance à chaque groupe et en même temps une meilleure connaissance du terrain.

Evolution du plan de tir

Les premières années, les plans de tir étaient « discrets », souvent seulement six bêtes attribuées à chaque groupe. Pour les cerfs mâles, coiffés, la règle interdisait le prélèvement des bêtes de plus de huit cors ! Dès lors, il fallait non seulement bien observer l’animal, mais en plus compter ses cors pour ne pas être pénalisé. Une taxe d’abattage pour ces mâles se calculait sur les points CIC qu’offraient les bois ! En cas d’erreur de tir, une amende était accompagnée d’une taxe aux kilos de viande du cerf et la confiscation de son trophée. Les animaux de la harde, biches, bichettes et faons sont sanctionnés de la même façon. Au fil des ans, la population du roi de la forêt est devenue importante et les plans de tir ont été adaptés en conséquence. Actuellement, la chasse est plus ouverte et certaines contraintes ont été supprimées. Pour les battues sur des secteurs restreints, l’utilisation des grands chiens courants est devenue plus rare. Si leurs récris enchantent l’écho des forêts, ces auxiliaires mènent très longtemps et très loin, ce qui fait qu’ils tardent souvent à revenir. Certains groupes ont opté pour des chiens plus petits et polyvalents. Ils sont tous chasseurs de chevreuil, de sanglier et de cerf. Quatre Wachtelhunds, dont deux jeunes prometteurs, broussailleurs, leveurs et tenaces et trois Bassets des Alpes. Plus grande, une femelle Drahthaar capable d’arrêter un ongulé couché avant de le courser à voix et enfin, la Finette bâtarde qui sait tout faire ! Leurs propriétaires s’efforcent de créancer tous ces chiens sur le ferme et en particulier sur le sanglier. En effet, lorsque l’on a affaire à ce gibier ronchonchon, c’est une sécurité pour le chien de ne pas foncer sur un solitaire ou « dans le tas » quand des animaux de compagnie sont dans leurs fors. 

Les dégâts corporels sur nos compagnons canins, occasionnés par les cochons rebelles, sont souvent graves et peuvent laisser des séquelles dévastatrices ! Chaque chien est équipé d’un gilet de protection contre les coups de butoir des bêtes noires et malgré cela, des accidents arrivent sur ces auxiliaires passionnés. Ils sont également munis d’un collier GPS, car sans aller trop loin dans l’environnement parfois très escarpé, les vallons atténuent les effets sonores de leurs clochettes.

Le travail des chiens

Les deux Wachtelhunds adultes sont déjà bien roués à l’exercice de ces chasses et ont largement prouvé leurs capacités et leur maîtrise. Toutefois, Taïga est tellement acharnée sur les sangliers qu’elle oublie parfois le ferme et, pour la troisième fois, elle s’est fait ouvrir sévèrement. A chaque fois, elle repart de plus belle après ses convalescences. Elle a dû ne sortir qu’en laisse pendant près de six mois après une importante opération des ligaments croisés ! Elle a un excellent équilibre général, elle est bien « gorgée », ses récris sont rageurs et sa résistance est remarquable. Eiko est un mâle bien râblé, d’un caractère très agréable, il se comporte comme un vieux briscard accompli dans son job et offre des chasses sûres. Sa voix grave est très reconnaissable et, en principe, il ne babille pas pour rien ! Quant aux deux jeunes femelles, Slik connaît déjà bien la voie du sanglier et nul doute que sa passion procurera de grands moments cynégétiques. L’autre, Ailey, âgée de quelques mois de plus, mène sans hésitation le gibier mis sur pied. Les deux ont un magnifique standard, des attitudes qui en disent long sur la passion qui les anime. Les deux Bassets des Alpes amènent un très joli poil court dans la meute et de très bonnes aptitudes. Maybe, la femelle âgée de quatre ans, est déjà une chienne très accomplie dans son travail sur les ongulés et, si elle a un peu tardé sur le sanglier, elle est maintenant au top. Un peu engoncée dans son gilet de kevlar, elle ne court toutefois pas moins vite que sans cette protection. On pourrait lui reprocher sa voix très aiguë dans les menées, mais on ne peut rien contre ce défaut. En revanche, cela devient une qualité lorsqu’elle tient un gibier au ferme. Là, sa voix change et devient grave comme pour nous annoncer une nouvelle très importante ! L’autre, Sako, un mâle d’un an et demi, n’a pas encore fait ses preuves au sein de notre groupe. Ses propriétaires tentent de ne le créancer que sur le sanglier. Il n’a pas peur de la bête noire, il la cherche, la mène et a déjà permis le tir d’un cochon ! Son premier ferme a été fait sur la tête naturalisée d’un gros solitaire, qui vivra le reste de sa vie accrochée au mur du salon ! Il faut encore ajouter à cette liste la Finette, issue d’une Griffonne et d’un bâtard. Plutôt fine, montée sur des pattes assez longues et manquant un peu d’os, elle a un fouet tout aussi ténu. Malheureusement, il a été un peu raccourci lors de la fermeture intempestive d’une portière de voiture ! Le poil est bien typé griffon, de couleur claire, tout comme sa voix « criseuse » lorsqu’elle mène, mais elle aussi, elle hausse le ton sur le ferme ! Reste Noha, la belle femelle Drahthaar qui est aussi un chien de chasse complet. Sur le poil, elle fait son job à merveille, avec assurance et détermination. Un peu dans l’ombre et pour faire le pied, Myrtille et Papaye, deux Teckels poil dur, chassent déjà très bien. Prune, Basset fauve de Bretagne, a un excellent standard et une très belle expression. Dernière arrivée, Topaze, un chiot Griffon femelle de trois mois, il aura tout le temps de s’exprimer sur le terrain. C’est dire combien ce groupe de chasseurs a mis tous les atouts de son côté pour que la chasse soit belle et éthique à tous points de vue.

 

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