Beretta Silver Pigeon contre Browning B525
Le B525 et le Silver Pigeon, à l’origine S 686 Silver Pigeon – le S s’est progressivement effacé et le 686 tend à le suivre – ont en commun de puiser leurs racines dans des temps très anciens. L’année 1955 pour le Silver Pigeon, avec le lancement du S 55, réellement commercialisé à partir de 1956, premier fusil conçu par Beretta afin d’en permettre la production hautement automatisée. Le millésime 1925 pour le B525, avec la présentation par John Moses Browning du mythique B25, dont la fabrication ne débute toutefois qu’en 1929.
Chacun ses spécificités
Ils partagent aussi, conséquence du point précédent, d’avoir été formidablement peaufinés au fil de leurs évolutions successives. Ils sont enfin tous deux maintenus, malgré leur longue carrière, au catalogue de leurs marques respectives comme modèles d’entrée de gamme, aux outillages largement amortis. Ceci permet de les diffuser à des tarifs attractifs comparativement à leurs jeunes successeurs, le 690 Field pour le Silver Pigeon et le B725 pour le B525. Cela d’autant plus qu’ils sont proposés aujourd’hui uniquement dans les finitions simples, sans néanmoins apparaître rudimentaires, Silver Pigeon I pour l’italien et B525 Game One pour le belge (fabriqué au Japon).
Le Beretta existe en calibres 12 et 20, exclusivement avec bascule en acier, devant à extrémité « tulipe », crosse pistolet, détente unique sélective et éjecteurs automatiques, en offrant toutefois le choix entre des canons de 67, 71 ou 76 cm à chokes interchangeables. Il pèse alors de 3,050 à 3,250 kg en calibre 12, et de 2,750 à 2,950 kg en 20.
Le Browning est disponible lui aussi en calibres 12 et 20, avec devant à extrémité « tulipe », crosse pistolet, détente unique sélective et éjecteurs automatiques. Mais il peut recevoir une bascule en acier ou en alliage léger. La première avec canons de 71 ou 76 cm à embouts amovibles, pour un poids oscillant de 3,300 à 3,400 kg en calibre 12 et de 3,050 à 3,150 kg en 20. La seconde avec canons de 66 ou 71 cm en calibre 12, ou de 71 ou 76 cm en 20, tous à chokes interchangeables. Son poids chute alors entre 3,000 et 3,100 kg en 12, et entre 2,850 et 2,950 kg en 20. Le B525 y adjoint encore, avec la bascule en alliage d’aluminium, une variante Liberty aux dimensions de crosse adaptées à la morphologie des dames, la chasse se féminisant rapidement depuis quelques années en Europe.
Confort versus vivacité
Sur le terrain, le Browning avec bascule en acier, sensiblement plus lourd que le Beretta, se révèle inévitablement moins vif et moins maniable. Avec bascule en alliage léger, son poids avoisine celui du Beretta, mais alors au prix d’un équilibre et d’une répartition des masses nettement moins favorables à longueur des canons analogue, qui l’empêchent toujours de rivaliser en vivacité et en maniabilité avec son concurrent italien. Il y ajoute, en calibre 12, un alésage large de ses tubes (18,7 à 18,8 mm contre 18,3 à 18,4 mm pour les canons classiques) qui, s’il apporte un léger gain de confort de tir, de vitesse initiale et de groupement des gerbes, s’accompagne en revanche d’une dégradation perceptible de la régularité de ces gerbes, qui peut même devenir franchement préjudiciable avec certaines cartouches à bourre grasse. Il apparaît en outre un peu plus brut de ligne, de présentation et de finition que son adversaire favorablement inspiré par son âme latine. Le Browning prend en revanche l’avantage en rigueur de fabrication qui induit, comme la longue existence du modèle a permis de l’avérer, une fiabilité à toute épreuve, une robustesse indéfectible et une longévité exceptionnelle. Ceci entraîne aussi une meilleure tenue de sa cote en occasion et une plus grande facilité de revente, pour un exemplaire bien sûr soigneusement entretenu. Enfin, si les tarifs du Beretta 686 Silver Pigeon I débutent vers 2350 francs, ceux du Browning B525 Game One commencent un peu au-dessous de 2100 francs…
Texte Francis Grange