Silence, on tire!

Silence, on tire!

Le numéro de janvier de Diana Chasse et Nature évoque en page 36 la problématique de l’utilisation des dispositifs dits silencieux sur les armes de chasse. Sans aborder le côté «politique» de l’emploi de tels matériels, il est important de faire le point sur l’efficacité de ces accessoires. En effet, les modérateurs de son, appelés à tort silencieux, font souvent l’objet d’affirmations infondées.

La carabine équipée du modérateur de son qui vient recouvrir le canon. La longueur de la carabine évolue donc très peu… comme le montre cette photo.

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«J’ai testé…»

Coïncidence totale avec la parution de l’article cité ci-dessus, voilà quelques mois j’avais procédé à des essais de tirs afin de me rendre compte de «l’efficacité» de ces produits. Les tests effectués avec une carabine Browning Abolt munie d’un «silencieux» ont été réalisés dans les conditions suivantes: afin de mesurer la vitesse et le bruit émis par les munitions, un chronographe a été placé à cinq mètres devant la bouche du canon et un sonomètre a, quant à lui, été positionné à 90°à deux mètres de la bouche du canon. Deux types de munitions de calibre 243 Winchester ont été utilisées: des munitions supersoniques de type Remington Core-Lokt en 100 grains et des subsoniques Sologne Klassic en 70 grains.

Les munitions utilisées – à droite la balle Remington, à gauche la balle Sologne.

Balles

Les supersoniques

Une première série de tirs a été effectuée sans le modérateur de son, avec les supersoniques puis avec les subsoniques. Pour les premiers nommés, la vitesse enregistrée par le chronographe – soit 852 mètres par seconde – correspond bien aux chiffres annoncés par le fabricant, en l’occurrence Remington. La détonation mesurée par le sonomètre indique quant à elle une valeur moyenne de 87,6 décibels. Placée sur l’échelle des bruits, cette valeur dépasse la partie haute du classement «bruyant», juste au début de la plage qualifiée de «dangereuse». Certes, l’échelle de référence des bruits sous-tend une exposition prolongée, néanmoins, la déflagration est tout de même violente. Au niveau de la cible, l’impact de cette munition sera considéré comme la référence zéro. Le fameux zérotage des tireurs à la cible.

Les subsoniques

Vient ensuite le tour des balles subsoniques. Comme pour les supersoniques, les vitesses mesurées correspondent bien à celles indiquées par le fabricant, soit un peu plus de 340 mètres par seconde. Le sonomètre indique quant à lui soixante-cinq décibels, vingt décibels de moins que les supersoniques. Sur l’échelle des bruits, cette valeur correspond à la qualité dite «bruits courants». En revanche, l’impact est situé trente-cinq centimètres au-dessous du zéro! Ce résultat est normal compte tenu du fait que la trajectoire est beaucoup moins tendue. Mais, plus préoccupant, les balles subsoniques arrivent en travers sur la cible. Après quelques recherches, il apparaît que c’est le pas des rayures qui ne convient pas. En effet, en consultant plusieurs notices de différents fabricants d’armes, l’évidence est là, les carabines destinées aux munitions subsoniques sont en général dotées d’un pas de sept pouces et non des pas de dix ou onze pouces adoptés sur les armes destinées aux munitions supersoniques.

Compte tenu de sa charge de poudre plus faible, la balle subsonique ne pèse que 70 grains soit quatre grammes et demi.

Balles_1

Avec modérateur de son

La seconde série de tirs a été réalisée avec le modérateur de son. Pour les supersoniques, la présence du «silencieux» n’a aucune influence sur la vitesse. A contrario, le bruit est limité à soixante-cinq décibels, comme les subsoniques sans le modérateur. L’impact reste calé sur le zérotage. Le modérateur de son permet donc de diminuer le bruit d’environ vingt décibels, ce qui est déjà beaucoup. Vient ensuite le tour des balles subsoniques! Surprise, le sonomètre donne la même valeur! Le modérateur n’a donc aucun effet sur les balles subsoniques. L’impact est quant à lui le même, toujours trente-cinq centimètres au-dessous du zéro et les balles arrivent toujours en travers.

En résumé, et comme son nom l’indique, un modérateur de son ne fait qu’atténuer le bruit de la détonation, sans toutefois changer les performances balistiques. D’un autre côté, les essais montrent que l’utilisation de munitions subsoniques ne se justifie absolument pas avec un modérateur de son.

Texte et photos Daniel Girod

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