FIN  DE  LA CHASSE  DU  PETIT GIBIER  SUR VAUD ?

FIN  DE  LA CHASSE  DU  PETIT GIBIER  SUR VAUD ?
La chasse du petit gibier, possible mais non nécessaire, est la cible de plusieurs milieux dits « écologistes » depuis une vingtaine d’années. Malgré les nombreuses mesures prises par les chasseurs pour faire en sorte que ces chasses soient durables, ses adversaires ne lâchent pas le morceau et usent de tous les moyens pour arriver à leurs fins.

Texte et photos d’Alain Rossier

Les trois espèces de petit gibier les plus visées par les opposants à la chasse dans le canton de Vaud sont la bécasse des bois et le tétras lyre pour les volatiles, ainsi que les lièvres brun et variable. En réussissant à convaincre le grand public, à coups de rapports et d’études aux origines discutables, les milieux antichasse ont semble-t-il gagné la partie. La stratégie n’est pas nouvelle, et déjà en 1970, année dite « de la nature », toutes sortes de prises de position ont favorisé la modification de la Loi sur la chasse et son ordonnance d’application. C’est à ce moment que le grand tétras et la bécassine n’ont plus fait partie de la liste des gibiers chassables. Pour la bécassine migratrice comme la bécasse, les milieux favorables à les retenir dans notre pays commençaient déjà à se raréfier. Les mouvements antichasse étaient en marche, et le canton de Genève en a fait les frais quatre ans plus tard !

Bécasse en ligne de mire depuis vingt ans

La chasse de la bécasse, activité de spécialistes pour le chien et son conducteur, a toujours passionné les « coureurs » des bois qui tentent de déjouer les ruses et la discrétion de cet oiseau. Excellente en cuisine, sa chair ravit ceux qui savent le préparer et en faire un plat d’exception.

De préoccupation mineure au niveau européen, elle a fait réagir il y a vingt et un ans l’ASPO, la PSA et Pro Natura. Dans le journal Le Matin du jeudi 31 octobre 2002, on pouvait lire : « L’an dernier, 2584 bécasses ont été abattues en Suisse – un nombre record au cours de ces quatre dernières années. L’ampleur de la chasse à la bécasse est un scandale, estiment les trois associations. Ils la considèrent comme une provocation de la part d’une minorité de chasseurs. En moyenne annuelle, 1735 bécasses sont tirées.»

Suite à cet article choc, Philippe Leresche, alors président de la FSVD et membre fondateur de l’ASB, s’est adressé à M. Philippe Roch, le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP, ancêtre de l’OFEV). En réponse à ce courrier, M. Roch a déclaré : « L’OFEFP suit avec une grande attention le sort de la bécasse, cet oiseau nicheur… 1100 à 1600 bécasses des bois nichent encore dans notre pays. Entre les années 1970 et 1990, une bonne partie des sites de reproduction dans les forêts du Plateau ont été délaissés (…) Ils ont diminué de 65 % entre 1974 et 2000 (…) Les causes principales du recul des effectifs sont la détérioration des peuplements forestiers et les dérangements durant la couvaison (…) Il est vrai que depuis 1963, il n’a jamais été tiré autant d’oiseaux (…) Les chiffres relatifs aux tirs varient tous les six ans (…) en Suisse romande, où couvent le plus grand nombre de bécasses, les tirs n’ont toutefois pas augmenté depuis 1963 (…) Le tir n’augmente que vers le milieu du mois d’octobre au moment de l’arrivée des oiseaux migrateurs (…) Les effectifs des oiseaux nicheurs d’Europe dépassent les 10 millions et les tirs effectués en Suisse ne devraient guère avoir d’influence sur ces populations. Il serait néanmoins souhaitable d’obtenir des indications plus précises sur la provenance des bécasses tirées en Suisse (baguages ou éventuellement examens génétiques). Cela permettrait d’évaluer encore mieux un effet éventuel de la chasse sur les effectifs indigènes menacés (…) Nous nous engagerons aussi en faveur d’une amélioration des habitats de cette espèce dans notre pays (…) Nous considérons que ces deux tâches sont beaucoup plus importantes qu’une éventuelle interdiction de chasser.» Une réponse qui en dit long sur la situation d’il y a vingt ans, et surtout ce qui n’a pas été engagé en matière de protection des biotopes favorables à cet oiseau !

Projet national

Dans le but de disposer d’un outil de travail reconnu par tous les milieux, en 2015 l’OFEV a lancé, en collaboration avec l’ASB et d’autres associations concernées par la protection de ces oiseaux, le Projet national sur la bécasse des bois. Les bécassiers espéraient qu’une fois pour toutes, les autorités fédérales puissent prendre position sur la possibilité de chasser cet oiseau ou non, en regard d’études scientifiques et validées par tous les milieux concernés. Il a fallu sept ans pour que ce projet aboutisse. Très coûteux, il a été financé en partie par les associations cynégétiques. Plusieurs oiseaux ont été équipés de balises Argos afin de suivre leur périple migratoire. Des recherches de nids avec le concours de chiens bien créancés, n’ont permis de recenser que deux nichées en 2015, une seule en 2016 et aucune les deux années suivantes. Avec le suivi de la croule et l’observation des mâles, on a pu estimer qu’il fallait compter avec 1000 à 1500 nids au printemps de chaque année, un chiffre qui n’a jamais changé depuis des décennies ! La conclusion de ce rapport est qu’en appliquant certaines précautions, la chasse à la bécasse des bois était possible en Suisse sans impacter l’espèce, particulièrement la population nicheuse.

Réalité de la chasse

En Suisse, la chasse n’est autorisée que du 16 octobre au 15 décembre et ne concerne que cinq cantons romands et celui du Tessin, soit un tiers du territoire national. Les prélèvements sont soumis à un PMA, en général de deux oiseaux par jour et de dix au maximum par saison. La moyenne des prélèvements nationaux se monte à 1790 oiseaux entre 1962 et 2018. Sur le canton de Vaud, le PMA annuel a été introduit en 2011 : 10/an et le journalier 2/jour, en 2002.

Malgré cette réalité, et les conclusions du Projet national sur la bécasse des bois, les milieux précités ont poursuivi leur acharnement pour faire cesser la chasse à la bécasse et aux autres petits gibiers.

Les chasseurs passionnés de ces quêtes forestières automnales vont devoir encore trembler quelque temps pour savoir s’ils vont pouvoir prendre plaisir à découpler leurs chiens d’arrêt. Les binômes chien / chasseur passeront-ils au temps des souvenirs malgré eux ?

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