
PRÉPARER SON PERMIS À FRIBOURG

La Suisse est connue pour son exigeant cursus menant au permis de chasse. Chaque canton a ses propres exigences, mais partout, le droit de chasser n’est accordé qu’après une longue formation et de difficiles examens. Retour d’expérience après une journée passée avec les candidats fribourgeois.
Texte et photos de Vincent Prétôt
Invitée lors du dernier tir d’exercice des candidats chasseurs avant leur examen mi-juin, Diana, chasse et nature a pu documenter cette ultime journée test. L’événement qui venait clore deux ans de formation s’est déroulé au cœur des Préalpes et a bénéficié d’une météo magnifique. Cinquante futurs chasseresses et chasseurs avaient rendez-vous sur la place d’armes de Geissalp, dans la commune de Plafayon, pour faire des exercices de manipulation d’armes et de tir, indispensables à l’obtention du droit de chasser à balles.
L’examen de chasse fribourgeois est divisé en trois parties : la théorie, la pratique et le tir à balles. Il est ainsi possible de ne passer que les deux premières parties, pour ceux qui se contenteraient du fusil. Cette spécificité est liée à l’histoire de la chasse fribourgeoise, quand chien et fusil étaient la norme, et la carabine l’exception.
Simuler des actions de terrains
Les quinze bénévoles de la Fédération fribourgeoise des sociétés de chasse (FFSC) ont installé, durant la matinée, les différents postes prévus pour la journée. Il a fallu mettre les cibles en place à différentes distances, installer les caméras pour détecter les coups dans les cibles, dresser les drapeaux de tirs rouge et blanc, et briefer une dernière fois les instructeurs. A midi les candidats étaient sur place, équipés comme pour aller chasser. Le but de cette journée n’était pas simplement de tirer sur une cible, assis sur une chaise confortable et horizontale, mais de mettre les participants en conditions réelles de terrain, avec toutes les difficultés que cela induit.
Les instructions sont données pour la session d’entraînement et différents groupes se forment pour rejoindre les postes, plus haut dans la montagne.
Le premier poste est axé sur la sécurité et la manipulation de l’arme. Le candidat, sous la supervision et l’œil critique d’un instructeur, doit se mettre en position comme s’il allait tirer sur un sanglier à 100 m. Il s’installe, pointe son canon dans la bonne direction, contrôle que celui-ci n’est pas obstrué, place une balle dans la chambre, vise et désassure. À ce moment, l’instructeur lui indique qu’une personne passe dans le pierrier derrière le sanglier. Le candidat doit alors assurer son arme. « Et si la personne s’approche de toi pour te saluer ? » Bonne réponse, il doit alors ouvrir sa culasse et extraire la balle de la chambre.
Tout expérimenter
Les autres postes sont axés sur le tir en lui-même, sur différents gibiers et à diverses distances. Le sanglier se trouve à 100 m, le chamois à 200 m, le chevreuil à 140 m et le renard à un peu moins de 100 m. Pour l’examen, la position de tir est libre dans un rayon de 20 m du drapeau de tir, ce qui oblige les candidats à choisir leur poste de tir avec précaution. Une souche, un rocher, un piquet, faire attention aux herbes devant le canon, à la sécurité. Mais la plupart des candidats choisissent la position couchée lors de l’examen, donc lors des entraînements, les instructeurs forcent les participants à l’expérimenter. Ce samedi-là, c’est pour le renard que la formation a innové en montant une chaise de tir du genre de celle utilisée pour la chasse au cerf. Trouver une position stable pour tirer sur une petite cible n’a pas été simple pour tout le monde, ce qui démontre l’utilité de la manœuvre. Cette journée n’est pas obligatoire, mais les candidats sont heureux de pouvoir s’entraîner dans des conditions réalistes et très peu manquent à l’appel car la semaine suivante, c’est l’examen, dernier rempart avant la première saison de chasse à balles du gros gibier. Lors de cet examen, les candidats devront démontrer leur connaissance de la sécurité, tirer sur les cibles et toucher chaque cible mortellement à plusieurs reprises. Avec la pression sur les épaules, le cœur battant dans les tempes et les mains moites, on est au plus proche de la réalité de la chasse !
Une collaboration entre militaires et chasseurs
Ce tir de formation est également très apprécié par l’armée car cela permet de faire vivre la place d’armes et de justifier son utilité. Pour les chasseurs fribourgeois, il s’agit également d’une aubaine, car de nombreuses places de tirs de chasse sont fermées et peu de solutions sont proposées pour que les chasseurs puissent s’entraîner, faire leurs tirs obligatoires et rester performants sur le terrain pour le respect du gibier.
C’est pour cette raison que la fédération propose également cette journée de tir aux chasseurs confirmés qui souhaiteraient se perfectionner sur le terrain.
Ce type de tir d’entraînement en plein air dans des conditions proches de la réalité apporte une vraie plus-value pour les chasseurs, elle est exemplaire pour les autres cantons. Créer des synergies avec le monde militaire, mobiliser les membres de la fédération, sensibiliser les candidats, inviter les chasseurs locaux, autant de bonnes raisons de se lancer dans un projet local avec les fédérations de chasse romandes.