
NARCISSE SEPPEY REJOINT LES CHASSES ÉTERNELLES

Au soir du 3 mai 2025, vaincu par la maladie, Narcisse Seppey s’est envolé rejoindre son fils Didier, parti vers les étoiles en 1988 à la suite d’un accident le premier jour de chasse.
Texte de Chasie
Narcisse Seppey était une personnalité qui a marqué la vie du canton du Valais durant plusieurs décennies, tant sur le plan politique que dans les domaines de la faune en général et de la chasse en particulier. Décrire l’ensemble de son riche parcours ici-bas nécessiterait l’entier d’une revue mensuelle. Ce modeste hommage se contente de résumer les sentiments du monde de la chasse.
Jeunesse
Né le 9 décembre 1943 au hameau de La Cerise sur le territoire de la commune d’Hérémence, Narcisse était issu d’une famille paysanne. Membre d’une fratrie de quatre sœurs et de cinq frères, il a été très tôt confronté à la dure vie des habitants de la montagne. « Nous étions pauvres mais nous ne manquions de rien », comme il aimait le dire lorsque nous évoquions son enfance et sa jeunesse. Peut-être pour sortir de ce monde austère, mais probablement pour des raisons plus fondamentales, il s’est dirigé vers des études et a obtenu une licence en sciences politiques. Le voilà armé pour affronter les réalités du monde des intellectuels. Son esprit visionnaire et ses facultés oratoires l’ont très tôt embarqué dans la politique. Conseiller communal, puis président d’Hérémence, député puis chef de groupe au Grand Conseil, tout était réuni pour qu’il s’élève davantage dans la hiérarchie. Mais au moment du choix, son amour de la nature et sa passion de la faune ont eu gain de cause. Chasseur dès 1969, Narcisse n’a cessé de promouvoir le monde de la chasse. Défenseur ardent des disciples de saint Hubert, il a naturellement accédé à la tête de la Diana d’Hérens, puis à la présidence de la Fédération valaisanne des sociétés de chasse de 1977 à 1981.
À la tête du Service de la chasse
En 1982, le Conseil d’Etat l’a choisi comme nouveau responsable de la chasse en Valais. Dès son entrée en fonction, Narcisse s’est engagé dans la restructuration des organes de la chasse cantonale. Ainsi est né le Service de la chasse, de la pêche et de la faune dont il a été le premier chef. Le service ne dépendait plus du commandant de la Police cantonale, mais pouvait en référer directement au conseiller d’Etat chef du Département. Cette réorganisation a certainement accéléré les processus de décisions dans le domaine. Sous l’ère Narcisse Seppey, la faune valaisanne a pris une ascension constante pour devenir la plus riche en diversité et en qualité de Suisse et bien au-delà. Le maintien et le développement des réserves cantonales d’interdiction de la chasse, le renforcement et la formation continue des gardes-faune professionnels et auxiliaires, et encore la formation intensive des candidats chasseurs ont notamment contribué à cet essor. La nouvelle loi cantonale de 1991 sur la chasse a été plébiscitée en votation populaire par 90 % des votants, preuve évidente de la bonne gestion de la faune dans le canton.
Respect de chacun
Malgré les hautes responsabilités dont il était porteur, Narcisse s’est continuellement distingué par sa proximité avec les chasseurs, mais aussi avec les agriculteurs et les éleveurs afin de tenter de limiter les dégâts dus à la faune, non seulement dès l’arrivée des grands prédateurs, mais déjà auparavant avec les dommages des sangliers aux cultures. Sa collaboration avec Diana Suisse, avec la FVSC, avec les Dianas et avec les services cantonaux de Suisse romande et des cantons alpins ont été des facteurs de succès dans la gestion de la faune et dans la compréhension de la chasse par l’ensemble de la population. Cela lui a valu le titre mérité de membre d’honneur de ces diverses sociétés de chasseurs ainsi que du Comité international de la chasse.
Profondément attaché à ses racines, forgé par les enseignements des anciens et le vécu de la dure réalité montagnarde, Narcisse savait qu’il fallait lutter pour parvenir à ses fins. Mais il n’a jamais ignoré que seul le respect de chacun pouvait lui permettre d’atteindre le but. Puisant ses forces dans les profondeurs de la terre en se ressourçant dans le milieu qui l’a vu naître, il s’est montré aussi à l’aise dans les travaux de la campagne que dans les joutes oratoires. Artisan dans l’âme, il préférait tailler le mélèze plutôt qu’user le clavier de l’ordinateur. Les valeurs humaines fondamentales, fortement imprégnées dans son être, ont fait de lui un homme généreux, dévoué et fidèle en amitiés. Il l’a été pour sa famille, pour ses amis comme il l’a été pour la chasse valaisanne.
Avec un A Dieu sous forme d’un Au Revoir, c’est un fort sentiment de reconnaissance que nous lui adressons aujourd’hui. Que Laurette son épouse, Carole sa fille, Salomé et Samuel ses petits-enfants, trouvent le courage de surmonter cette dure épreuve. Et que Narcisse et Didier veillent sur nous en compagnie de Notre-Dame des Veisivis.