LES RÉDUCTEURS DE SON

LES RÉDUCTEURS DE SON
Les réducteurs de son s’insinuent de plus en plus dans l’équipement des chasseurs suisses… avec de réels atouts mais aussi de nombreuses limites.

Texte de Francis Grange

Les dispositifs réduisant la déflagration des armes ont longtemps été réservés au tir de régulation des petits « nuisibles », au tir de loisir sur des terrains parfaitement sécurisés… ou au braconnage. Leur diffusion demeurait donc tout à fait confidentielle ou même parfois interdite, et leur image, du moins pour le tir des animaux, souvent négative. Depuis quelques années, de plus en plus de pays, dont le nôtre récemment, les autorisent toutefois afin de respecter au mieux la tranquillité des habitants proches des zones de chasse, ou des randonneurs et autres promeneurs en quête de la plus grande quiétude possible. D’autant qu’ils contribuent aussi à préserver le système auditif de leurs utilisateurs.  

Autrefois… les silencieux

Les premiers systèmes aujourd’hui appelés réducteurs ou modérateurs de son imaginés au début du XXe siècle étaient alors à juste titre nommés silencieux. Ils s’employaient en effet en ce temps uniquement avec des munitions à projectile subsonique, c’est-à-dire dont la vitesse initiale ne dépasse pas 320 m/s, qui leur permettaient d’étouffer totalement la détonation. Au-delà de cette vitesse, ils ne l’atténuaient en revanche que légèrement. La déflagration provoquée par une arme à feu résulte de deux sources qui se superposent. La détente soudaine à la sortie du canon des gaz de combustion de la poudre et le franchissement par la balle du « mur du son », générateur du « bang » bien connu avec les avions supersoniques. Les silencieux se révélaient très performants dans leur action sur la première cause, en détournant les gaz produits par la poudre dans de multiples petites chambres où il se détendaient pour ne plus libérer aucun souffle vers l’extérieur. Ils s’avéraient à l’opposé quasiment inopérants sur la seconde origine, le dépassement du fameux « mur du son », de beaucoup la plus importante, ce qui leur ôtait tout intérêt avec les munitions de chasse modernes. 

Les réducteurs actuels

Les modérateurs de son de la nouvelle génération s’efforcent d’atténuer le plus possible la déflagration produite par les balles à haute vélocité, en agissant sur l’onde qu’elles créent en dépassant la vitesse du son. Selon leur niveau technologique, ils abaissent le bruit émis par l’arme de 20 à 40 décibels. La détonation d’une carabine de chasse se situant, selon son calibre et la longueur de son canon, entre 130 et 160 décibels, elle se trouve ramenée entre 100 et 130 décibels, soit au niveau d’une discothèque, d’un marteau-piqueur ou d’une sirène de voiture de police. Ceci ne relève pas vraiment du grand silence… mais diminue néanmoins les risques de dommage à l’audition du chasseur et surtout le désagrément occasionné aux personnes se trouvant au voisinage de la zone de chasse, singulièrement en montagne où les déflagrations se répercutent très puissamment. 

Avantages… et inconvénients

L’attrait majeur des réducteurs de son réside dans l’atténuation du trouble causé au site chassé et à son voisinage, même si leur efficience seulement relative incite, dans une démarche de respect des personnes, à ne pas tirer, y compris avec une arme équipée d’un tel système, trop près des habitations ou dans les zones très fréquentées par d’autres utilisateurs de la nature… Certains réducteurs diminuent significativement aussi le recul de l’arme. Ils rendent ainsi le tir plus confortable et ils contribuent à affiner sa précision, surtout avec les calibres les plus brutaux. En revanche, ces dispositifs, s’ils protègent réellement l’ouïe des chasseurs, ne se montrent cependant pas, contrairement à ce qui est souvent évoqué, les plus pertinents pour cette mission. La plupart des casques et des bouchons d’oreille électroniques tempèrent mieux les détonations, en y ajoutant, en chasse collective, d’amplifier les sons « utiles » tels les froissements de feuillages, les craquements de brindilles ou les bruissements de branchages provoqués par les animaux en approche. Les modérateurs de son n’empêchent pas non plus, là encore à l’opposé de ce qui est fréquemment imaginé, la fuite du gibier, s’il est manqué bien sûr, dès qu’il est tiré. Ni, en chasse collective, que les animaux se décantonnent de l’enceinte voisine de celle traquée. Ils alourdissent de surcroît la carabine de 150 à 600 g. Leur positionnement à l’extrémité du canon la déséquilibre et en altère la maniabilité. Ils l’allongent de 10 à 20 cm, la rendant en conséquence plus encombrante. Enfin leur prix atteint vite 500 francs, voire dépasse 1000 francs pour les plus aboutis techniquement…

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Catégories