Le tir à bras franc

Le tir à bras franc

Entre la balistique interne, à savoir ce qui se passe dans le canon, et la balistique de but pour ce qui concerne les effets de la balle dans le corps du gibier, la balistique intermédiaire traite quant à elle de la trajectoire suivie par la balle pendant son vol.

Mis à part le calibre, dont le choix demeure une savante alchimie entre la diversité des gibiers chassés et la sensibilité du chasseur, de multiples paramètres interviennent sur cette fameuse trajectoire de la balle. Parmi eux, le coefficient balistique tient une place de premier rang. Alors, qu’est-ce que le coefficient balistique? Eh bien, c’est le rapport entre la densité de section et le facteur de forme! Nous ne sommes guère plus avancés, dirons-nous! La densité de section est égale au poids du projectile divisé par le carré de sa section. Dans un calibre déterminé, la balle la plus lourde est celle qui pénètre le plus, ceci à structure de balle identique bien sûr. D’autre part, une balle de même poids mais d’un calibre moins important a une meilleure pénétration. A titre d’exemple, toujours à structure de balle identique, une 7×64 de 11,7 grammes pénètre mieux qu’une 9,3×62 de poids identique.

Par ailleurs, pour un même calibre, plus la balle est lourde et plus elle est longue. Par conséquent, la densité de section devient plus importante. Parvenu à ce point du raisonnement, on comprend très bien que, outre la densité de section, la forme géométrique de la balle va avoir une forte influence sur sa trajectoire. C’est pour cette raison que les fabricants s’ingénient à travailler sur la forme de la balle afin que son facteur de forme soit le plus faible possible. Cela signifie que meilleur sera l’aérodynamisme de la balle et plus faible sera son facteur de forme. Une géométrie très conique présente donc un facteur de forme plus faible qu’une géométrie demi-ronde.

Le nez et la queue…

Cependant, la forme du nez de la balle n’est pas le seul critère qui influe sur le facteur de forme. Il y a également la queue de la balle qui prend une grande part dans la trajectoire de celle-ci dans le sens où elle influe sur la traînée laissée par la balle dans l’air. Là encore, les fabricants ont fortement travaillé sur cette problématique qui nécessite de nombreux et fastidieux essais. C’est ainsi que l’on a vu apparaître au gré du temps les balles en queue de bateau – les fameuses Boat Tail – ou les balles en queue de torpille – les non moins fameuses Torpedo Tail – mises en œuvre notamment par les munitions TIG, TUG et TAG de chez RWS où le T signifie Torpedo.

En résumé, plus le coefficient balistique est élevé et meilleure est la puissance à longue portée. De la même façon, plus le coefficient balistique est élevé et plus la trajectoire est tendue.

Il est à noter que le coefficient balistique tient uniquement compte de la balle et non de la munition. En d’autres termes, le chargement auquel est destinée une balle n’intervient absolument pas sur le coefficient balistique.

Le 308…

A titre d’exemple, et sans publicité aucune, intéressons-nous à un calibre immensément utilisé, le 308 dont un fabricant Hornady nous propose dans sa gamme Interlock quatre balles différentes. Mise à part pour l’instant la balle FP, ces ogives pèsent toutes 180 grains, soit 11,7 grammes. Nous pouvons d’emblée remarquer que, du fait de sa forme, la balle RN pour Round Noise – Bout Rond – affiche un coefficient balistique égal à .241 soit à peine un peu plus de la moitié de la balle BTSP – Boat Tail Soft Point – Pointe douce en queue de bateau. D’autre part, en comparant la balle SP – soft point – avec la balle BTHP il apparaît très clairement que le profil en queue de bateau améliore considérablement le coefficient balistique. On peut enfin remarquer que le bout plat – FP Flap Point – de la balle FP détériore très fortement son coefficient balistique. Cette munition est donc très clairement conçue pour des tirs à courte ou moyenne distance.

Chez le même fabricant, observons maintenant les valeurs affichées par sa gamme Match, celle qui est développée pour la compétition. Avec un poids égal aux trois balles citées précédemment, la balle match de 178 grains affiche un coefficient balistique de .530, bien supérieur au .452 proposé par la balle BTSP. A quoi cela est-ce dû puisque les deux munitions ont une queue en forme de bateau? C’est la pointe qui change. La balle match est dotée d’une pointe creuse – HP Hollow Point – alors que la BTSP dispose d’une pointe en plomb. Outre l’amélioration du coefficient balistique, la pointe creuse ne se déforme pas en vol.

Tout d’abord, les deux coefficients balistiques confirment les valeurs affichées par les deux photos citées précédemment. D’autre part, entre 0 et 200 mètres la vitesse de la balle Match BTHP passe de 847 mètres par seconde à 736 mètres par seconde soit une perte de 111 mètres par seconde. La balle SP perd quant à elle 792-660 soit 132 m/s. Bien évidemment, les pertes d’énergie sont dans les mêmes proportions.

Pour conclure il est important de signaler à nouveau que le coefficient balistique reste un paramètre destiné à caractériser la balistique intermédiaire, et qu’en aucun cas, il ne sert à spécifier la balistique de but. Pour cela il faut s’intéresser à la structure de la balle.

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Texte et photo Daniel Girod

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